mardi 20 avril 2010

Hommage de Tulku Thondup Rinpotché à Tchimé Rigdzin Rinpotché

Ce qui suit est la transcription d'un discours d'hommage donné par Tulku Thondup Rinpotché en décembre 2003, quelques mois après le départ pour les terres pures de Tchimé Rigdzin Rinpotché, au monastère de Khordong en Inde.


Lorsque je suis venu en Inde, en 1956/57, suivant Kyabjé Dodrupchen Rinpotché, j’ai passé d’abord quelques années dans la région du Sikkim, de Darjeeling et de Kalimpong. Un jour, à Kalimpong, je vis une jeep arriver sur la rue principale. Dans cette jeep se trouvait un personnage étonnant. Je fus très surpris en le voyant. Je lui souris et il me sourit à son tour. Et ce fut tout. Je ne savais pas qui c’était. Quelques jours plus tard, alors que je marchais dans Kalimpong, à un carrefour, je vis la même personne qui passait par là. C’était le plus grand carrefour de Kalimpong. Rinpotché aimait toujours s’asseoir aux carrefours et parler aux gens qui allaient et venaient. Il me salua de la main et je fis de même puis nous parlâmes un long moment. Il ne me dit pas qu’il était Khordong Terchen Tulku ou qui que ce soit d’autre. Il me dit juste qu’il était du Kham, et qu’il enseignait dans un endroit nommé Shantiniketan. A la fin, il me dit. «Venez me voir à Tirpaï.»

Quelques jours plus tard, je lui rendis visite dans son appartement du village de Tirpaï, sur la colline derrière Kalimpong. Nous avons parlé longtemps, essentiellement de moi. Cette fois non plus, il ne mentionna même pas qu’il était un tulku. Il me dit qu’il enseignait dans une université et que si j’avais besoin d’aide, il pourrait essayer de m’aider. Bien sûr, j’étais un réfugié qui s’était juste échappé deux ans auparavant. Rinpotché était un professeur d’université bien établi en Inde. Oui, j’avais besoin de son aide. Il me donna son adresse à Shantiniketan et il dit : « Si vous avez besoin de quoi que ce soit, écrivez-moi ou venez me voir et nous verrons si je peux vous aider à trouver un emploi. »
Puis en 1962, lorsque les Chinois attaquèrent l’Inde, de nombreux Tibétains s’enfuirent à travers les plaines de l’Inde. Je quittai Darjeeling pour Bodhgaya. De Bodhgaya, j’écrivis à Rinpotché, lui disant que j’étais à Bodhgaya et que je souhaitais venir le voir. Il me répondit immédiatement pour m’inviter chez lui.

Je me rendis donc à Shantiniketan. A cette époque, la fille de Rinpotché, Surja, que beaucoup d’entre vous connaissent, n’avait que six mois. Dès le lendemain de mon arrivée, Rinpotché me fit rencontrer le Vice Recteur de l’université. Avec la recommandation de Rinpotché, qui était le directeur du département des études Indo – Tibétaines, je fis immédiatement une demande à la commission d’attribution des bourses de recherche. Il est inutile de dire que je dus attendre des mois que la réponse arrive de Delhi, annonçant que l’on m’attribuait une bourse de recherche. Aussi je demeurai à l’université de Visavbharati à Shantiniketan durant plus de trois ans, comme membre ou invité permanent de la famille de Rinpotché.

En 1976, un poste d’enseignant fut vacant à l’université de Lucknow. Je fus choisi pour ce poste et déménageai donc à Lucknow. Rinpotché fut content que j’obtienne cet emploi, mais il n’était pas si enchanté que je parte car nous étions tous devenus si proches, Rinpotché, Amala, les enfants et tous. Mais bien sûr, il était important que j’aie un emploi permanent. Aussi nous décidâmes que je devais partir. Je m’établis à Lucknow et enseignai là pendant neuf ans.

Je pense que Rinpotché prit de nombreuses années pour que je comprenne qu’il était le tulku de Khordong Terchen. Bien sûr, nous savions tous qu’il était un lama très spécial, une personne vraiment unique, mais nous ne savions pas qui il était vraiment. Juste en étant avec lui, vous sentiez qu’il n’était pas qu’un professeur, un enseignant ou un ami, mais une personne incroyable.
Je pense que chacun d’entre vous a ressenti que Rinpotché possède une qualité étonnante, un pouvoir et une force incroyables, et une confiance étonnante. Oui, il était parfois rude, sévère, et montrait son tempérament. Mais on ressentait toujours cet amour étonnant et cette bonté, quoi qu’il dise ou fasse. La chose merveilleuse est qu’en un seul instant, il pouvait gronder et se mettre en colère contre quelqu’un, et l’instant suivant, il se tournait et souriait avec le plus grand amour et la plus grande bonté. En général, lorsque nous nous mettons en colère, il nous faut du temps pour nous calmer et nous apaiser avant que nous puissions sourire. Mais lui pouvait être courroucé et compassionné en même temps. D’un côté, il manifestait sa forme courroucée, et de l’autre sa forme paisible, compassionnée et aimante, sans aucune trace de réelle colère.

A cette époque, je n’ai pas particulièrement pensé à cela. Mais plus tard, j’ai compris que cela signifiait que pour Rinpotché, toutes ces choses n’étaient qu’une représentation, comme jouer dans une pièce de théâtre. Tout est égal, comme pour un Bouddha qui a des visages paisible et courroucé unis dans la paix ultime. Il n’était pas fâché dans le cœur, ou l’esprit, mais il jouait en surface pour une bonne raison, montrant des images comme un Bouddha courroucé.

Que signifie un Bouddha courroucé? Nous pouvons voir toutes ces représentations courroucées de Bouddhas (gestes montrant le temple). En réalité, les Bouddhas courroucés ont neuf qualités. Leur corps est courroucé, héroïque et effrayant. Leur voix est riante, effrayante et féroce. Mais leur esprit est aimant, compassionné, joyeux et puissant. Si un être est courroucé extérieurement et également en colère dans le cœur, alors c’est un vrai monstre, pas un Bouddha. Les Bouddhas courroucés montrent du courroux pour de bonnes raisons : pacifier, soumettre les forces négatives. De telles représentations sont parfois nécessaires pour pacifier les forces négatives. C’est pourquoi Rinpotché, de temps en temps, montrait un côté courroucé, bien qu’il fût une personne paisible, gentille, aimante. Il était ainsi.

Comme je l’ai dit auparavant, Rinpotché était aussi puissant. Par exemple, une fois, sa fille Norzin fut hospitalisée car elle était malade. Elle disait que le simple fait d’avoir Rinpotché à son chevet était le meilleur remède qu’elle ait jamais pu avoir. Toute son angoisse disparaissait. Il avait un pouvoir étonnant qui amenait du réconfort, de la confiance, de la force et de la sagesse. Je pense que beaucoup d’entre vous savent de quoi je suis en train de parler. Il avait une préscience étonnante : que dois-je faire ? Que ne dois-je pas faire ? Pas seulement en ce qui concernait les questions spirituelles, mais aussi les problèmes mondains, ordinaires. Il appréciait cet étonnant esprit de sagesse, qui prévoit ce que l’on doit faire etc.


Il y a une autre chose importante que je souhaite partager avec vous et que j’espère vous essaierez de vous rappeler. Chaque enseignant a sa propre façon d’enseigner, sa manière de fonctionner et de servir les disciples. Certains enseignent et servent sur les marchés et dans les rues. D’autres vivent dans des grottes et des ermitages, méditant et priant. D’autres enseignent des textes de manière érudite, et insistent sur l’étude intellectuelle et les sujets d’érudition que l’on trouve dans les livres. Bien sûr, tout cela est merveilleux. D’autres enseignants demandent aux étudiants de contempler la nature de l’esprit pendant des années, alors que d’autres incitent leurs disciples à faire beaucoup de récitations. Mais Rinpotché, lui, insistait sur les rituels, les cérémonies. Par les rituels, les cérémonies, les prières dévotionnelles, il transmettait aux autres son propre pouvoir, il partageait ses propres bénédictions avec les autres et son propre esprit de sagesse avec l’esprit de ses étudiants. Et par les cérémonies, il aidait ses disciples à éprouver des expériences spirituelles et les aidait à éveiller toute la sagesse, la compassion, la confiance ou toute autre chose qu’ils pouvaient éveiller.

Finalement, je partis pour les Etats-Unis en 1980, et dès lors, je vis Rinpotché très rarement, aussi je ne sais pas comment il enseignait après cela. Mais avant, lorsque Rinpotché faisait des rituels, (dans les premières années, il n’avait pas beaucoup de disciples), beaucoup faisaient des expériences étonnantes. Ils avaient une sorte d’éveil de la réalisation spirituelle, de l’énergie, du pouvoir, de la sagesse, quelle que soit la façon dont on le nomme, et cela au cours des cérémonies, des rituels de tsog, en particulier lorsqu’on récitait la Prière en Sept Vers. C’était là le moyen de Rinpotché, son canal pour atteindre les autres et les aider. Et je pense que beaucoup d’entre vous, qui êtes ses disciples, pouvez témoigner de cela et avez été aidés par Rinpotché de la sorte.
Si vous avez ressenti quelque niveau d’expérience spirituelle, que vous vous soyez sentis plus paisibles que la normale, ou que vous ayez ressenti une sorte d’énergie puissante, ou une sorte d’aperçu de la nature de l’esprit, quoi que vous ayez ressenti au cours de ces cérémonie, c’est une transmission et cela vous aidera. Mais cela vous aidera seulement si vous vous y tenez, si vous le maintenez et l’utilisez. Comment pouvez-vous l’utiliser ? Par le souvenir. La mémoire est un outil très puissant. Par exemple, dans l’un des enseignements de Rinpotché, lorsqu’il donnait des bénédictions, ou lorsque vous pratiquiez des rituels, si vous avez ressenti de manière inhabituelle de la joie, de la paix ou de la chaleur, vous devriez essayer de revenir à cela en esprit. Vous devriez essayer de vous rappeler : « Comment me sentais-je ? Comment était-ce ? » Et si vous ne pouvez pas ressentir ce genre d’expérience maintenant, essayez de visualiser l’ensemble de l’environnement, qui étaient les gens dans la salle, quels genres de prières on chantait, comment Rinpotché était assis, comment lui et tous les autres chantaient, puis comment le processus s’est déroulé jusqu’à l’apparition de l’expérience spirituelle. Ainsi, en visualisant et en vous souvenant, vous pouvez ramener cette expérience par le pouvoir de la mémoire et de l’attention.
Une fois cette expérience revenue, méditez sur celle-ci, reposez en elle et restez avec elle. Si vous demeurez sur l’expérience de cette bénédiction spirituelle, elle deviendra plus forte et vivante. Et un jour il se peut qu’elle devienne votre vie, jour et nuit. Alors, non seulement cette expérience paisible vous aidera mais elle vous guidera à des réalisations encore plus élevées et profondes. Aussi il est très important de ne pas perdre ce moyen par lequel le maître vous a introduit. Car Rinpotché est un maître spécial, pas un simple enseignant. Comme nous en parlions hier, après que Gourou Padmasambhava ait transmis ses enseignements à ses disciples, ils devinrent des maîtres éveillés. Ils revinrent ensuite comme des découvreurs de trésors. Pas du fait de compulsions karmiques, pas parce qu’ils avaient des dettes karmiques à apurer, mais pour servir les disciples de Gourou Padmasambhava et les êtres leurs mères. Aussi les grands maîtres comme Rinpotché sont spéciaux, uniques, et nous ne devrions pas laisser filer cette merveilleuse expérience et la merveilleuse opportunité que nous avons. Parfois, vous pouvez penser : « Oh, mon maître est parti. Je dois trouver une autre voie. » Oui, c’est bien aussi. Mais lorsque nous avons reçu ce genre de trésor en or, nous ne devons pas chercher un autre morceau de caillou ou de pierre pour satisfaire nos besoins émotionnels, mais nous devons juste rester avec ce trésor en or. C’était un des points dont je voulais vous faire part.

J’ai répété la même chose à beaucoup de disciples de Rinpotché en Europe. Ici, il y en a peu, mais je voudrais dire que j’apprécie tout particulièrement les gens qui sont venus ici, parce que vous avez dépensé beaucoup d’argent, consacré beaucoup de temps pour venir ici. Et vous êtes venus ici car c’est un lieu très important pour Rinpotché et que ce lieu représente Rinpotché.

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Lorsque j’ai rencontré Rinpotché en Amérique, au New jersey, pour la dernière fois, je lui ai dit: “Je pense que vous devriez rester quelque part en Europe, car c’est plus sain pour vous, et que vous pouvez avoir de meilleures infrastructures et de meilleurs traitements. Le climat de Siliguri est très chaud et il y a beaucoup de moustiques. Mais il me répondit : « Non. Je dois y retourner car il faut que je finisse le temple. » Aussi, son objectif, le but de sa vie, peut être le dernier but de sa vie, était focalisé sur ce lieu et sur le fait de finir de construire ce temple. Aussi, d’une certaine manière, ce temple est sa réincarnation, son tulku. Ce lieu est sa création mentale, émotionnelle, spirituelle et bien sûr, physique. Aussi il est très important pour tous les disciples, étudiants, amis, la famille, les membres de la sangha de Rinpotché. Ce n’est pas seulement un temple avec de jolies peintures et de jolies statues. Il a plus de sens, d’essence et de qualités. C’est Rinpotché, Rinpotché lui-même de bien des manières. C’est ce qu’il voulait laisser à ses disciples. Et Tulku Ugyen et Shashi travaillent si dur pour cela, et beaucoup d’autres ont offert tellement d’aide pour le terminer.
Rinpotché a passé toutes ses dernières années à réfléchir, à rêver et à visualiser ce lieu, pas pour lui-même, car il était sur le départ, aussi pourquoi aurait-il besoin d’un temple? Pas pour les finances de sa famille, car ils auraient eu mieux à faire de ce point de vue, avec un emploi stable, plutôt que de consacrer tout leur temps et leur énergie à construire ce temple. Mais pour tous ses disciples et étudiants spirituels. Aussi voilà ce que Rinpotché est (montrant le temple tout autour)…

Le Bouddha lui-même a dit dans un soutra que ceux qui pratiquent et dédient leur vie au Dharma en des temps où le bouddhisme est en déclin, au cours des périodes sombres, génèreront plus de mérites que ceux qui pratiquent durant l’âge d’or du bouddhisme. C’est la même chose ici. Venir ici maintenant, essayer de servir Rinpotché, essayer de pratiquer, essayer de suivre maintenant les conseils de Rinpotché, lorsqu’il n’est pas là et que sa lignée est à un moment faible, son moment le plus faible, cela produira plus de mérites, aura plus de puissance, et cela réjouira Rinpotché plus que lorsque vous faisiez la pratique avec lui et que tout était florissant. Aussi ne vous dites pas: “Oh, maintenant que Rinpotché n’est plus ici, ma pratique va être moins forte. » Au contraire, vous devez penser : « Oh comme c’est merveilleux que je pratique et que ça réjouisse Rinpotché plus encore maintenant que lorsqu’il était vivant. Et ma pratique va avoir plus de puissance maintenant car c’est un temps de grand besoin pour la tradition, pour la lignée de Rinpotché. »

Aussi s’il vous plaît, gardez ces deux points à l’esprit. Le premier est de reconnaître la manière d’enseigner de Rinpotché, par des cérémonies, des prières, des invocations et par la dévotion. De la sorte, vous parviendrez au but de l’accomplissement, que ce soit une haute réalisation, une expérience de paix, un sentiment de compassion, la réalisation de la nature de l’esprit etc. Les gens ont différents résultats. Utiliser la voie des rituels et des prières de Rinpotché, la Prière en Sept Vers, le mantra de Gourou Rinpotché, l’image de Gourou Rinpotché, c’est l’enseignement de Rinpotché, la voie de Rinpotché.

Le deuxième point, c’est que c’est actuellement un temps faible pour la lignée de Rinpotché et donc même si vous faites peu de pratique, cela aura encore plus de puissance.

S’il vous plait gardez ces deux points à l’esprit, et lorsque vous rentrerez chez vous, si vous pouviez les partager avec les autres amis, cela pourra être utile.

Et puis bien sûr, lorsque Rinpotché est parti, il n’est allé nulle part. Rinpotché est la nature ultime, la nature universelle, et la présence de Rinpotché est partout, à l’intérieur de vous, à l’extérieur de vous, comme l’espace. L’espace est partout, en nous et à l’extérieur de nous. De même, la nature ultime, la nature éveillée est universelle. Et lorsqu’un maître comme Rinpotché meurt, il se fond dans la nature universelle. Cela signifie que Rinpotché est présent partout.

Toutefois, pour nous, il faut des symboles, nous avons besoin d’objets, d’une source de bénédictions, comme cette image ou cette statue, ce lieu ou ce lieu, ce maître ou ce maître. Nous avons besoin de cela à cause de nos habitudes dualistes et matérialistes. Je n’étais pas ici lorsque Rinpotché y était, mais des gens m’ont dit que Rinpotché s’asseyait à l’entrée et attendait que l’on entre et sorte. Toutes ces choses sont comme des symboles, comme des signes que Rinpotché dit : « Je suis toujours en train de t’attendre à la porte du temple. » Porte de quoi ? Du temple. Temple de quoi ? Des accomplissements spirituels et des qualities positives. Si vous pouviez penser à tous ces signes, ce sont tous des enseignements. Et de ce fait, c’est un incroyable lieu d’amour, de souvenir spirituel, de transmissions spirituelles, la véritable présence de Rinpotché et de ses activités compassionnées. Aussi nous devrions garder vivants ces symboles et cette signification.

Et puis bien sûr, nous avons les lieux bénis par Rinpotché en Europe, et il y a différents groupes de sanghas là-bas, et j’espère et je prie pour qu’ils pratiquent tous ensemble en groupe, partageant entre eux, s’aidant mutuellement, se tenant par la main durant le voyage, sur la voie spirituelle de Rinpotché. Ils pratiquent tous en différents endroits, mais c’est le point focal de bien des manières.

Rinpotché fut comme un père ou un grand frère pour moi toutes ces années, spécialement au début, lorsque j’arrivai en Inde comme réfugié, que je ne parlais pas la langue, que je ne mangeais pas cette nourriture, que je ne supportais pas ce climat etc. Tout le temps, il fut comme une figure paternelle qui m’aidait. Et tous les enfants de Rinpotché croyaient que j’étais leur oncle. Plus tard, ils réalisèrent que je n’étais pas leur véritable oncle, mais comme un oncle. Nous vécûmes ensemble, nous grandîmes ensemble. Aussi Rinpotché est très important pour moi personnellement. Mais ensuite, Rinpotché est devenu important pour tellement de gens. Et ensuite, tellement de gens ont aidé Rinpotché à diffuser ses enseignements et à réaliser ses rêves. Il est tellement merveilleux de savoir cela et de s’en souvenir. C’est pour cela que je me sens si proche de Rinpotché, mais également de tous ses disciples. J’en ai rencontré beaucoup, et je n’en ai pas rencontré beaucoup. Mais où qu’ils soient, je me sens proche d’eux et reconnaissant qu’ils aient servi Rinpotché, aidé Rinpotché, et qu’ils aident maintenant sa famille à entretenir et terminer ce temple. Aussi suis-je très reconnaissant à chacun d’entre vous. Si vous pouviez parler aux gens – s’il vous plaît dites que je suis très reconnaissant à tous ses disciples et ses assistants qui ont aidé financièrement, spirituellement, médicalement. Les gens ont servi Rinpotché de tellement de manières. Et bien sûr, je suis reconnaissant à sa famille. Amala, c’est comme une mère pour moi. Elle est avec nous et elle est plus ou moins en bonne santé. C’est merveilleux. Et pour tous les enfants de Rinpotché, en particulier Tulku Ugyen et Shashi, qui mènent à bien tous les rêves de Rinpotché. Ils luttent tous pour garder vivant le rêve de Rinpotché.
Laissez-moi dire quelques mots sur Tulku Ugyen, et aussi sur Tulku Migmé. Migmé,. Comme vous le savez, Tulku Migmé est le fils aîné de Rinpotché. Il vit à Delhi. J’ai appris que lorsqu’il était jeune, des Lamas vinrent du Tibet à Kalimpong (en Inde) et reconnurent Migmé comme tulku. Mais Rinpotché refusa de le laisser partir au Tibet. Si Migmé était parti au Tibet, il ne serait probablement plus en vie. Aussi ne fut-il pas intrônisé comme Tulku, bien qu’il ait été reconnu comme tel.

Puis je pense que Rinpotché est retourné deux fois au Tibet Oriental et la première ou la deuxième fois, à son retour, il me dit qu’Ugyen avait été reconnu comme le tulku d’un grand Lama qui avait le même nom, Ugyen Chemchog, connu sous le nom de Wonpo Ugyen Chemchog, du monastère de Shichen. Toutefois, le monastère de Shichen, qui se trouve dans la région du Golok, n’appartient pas à la lignée de Khordong (le gens confondent souvent Zhechen et Shichen. Zhechen est le monastère de Khyentse Rinpotché au Tibet et aussi au Népal, près du Stupa de Boudhanath). Aussi les monastères de Khordong et de Shichen se mirent d’accord pour qu’Ugyen n’ait pas à aller au monastère de Shichen, mais puisse rester à Khordong si ou lorsqu’Ugyen reviendrait au Tibet. Il y eut donc une simple cérémonie, une offrande de robe et d’écharpe (katag).

Quoi qu’il en soit, Tulku Ugyen et Shashi font actuellement un travail incroyable. Mais maintenant, je pense que vous l’avez tous compris, il y a de moins en moins de disciples qui viennent et de moins en moins de contributions. Alors qu’allons-nous faire de ce monastère, de ce temple ? N’avoir que ce seul temple avec ces images, ces peintures, cette bibliothèque et les bénédictions de Rinpotché sera une incroyable source de bénédictions pour ce pays et pour le monde. C’est bien. Mais si nous pouvions utiliser ce lieu pour de futurs enseignements, pour la méditation, pour les cérémonies, comme un monastère vivant, ce serait encore plus bénéfique. Nous avons tous ce genre de souhait ou de rêve. C’est pourquoi Tulku Ugyen lutte et a des cauchemars concernant un tel fardeau. Comment cela est-il possible ? Autrefois, s’il y avait une grotte, une montagne, une forêt, un monastère ou un temple, les gens allaient y pratiquer, même avec très peu de nourriture. Ils étaient heureux simplement d’être là et de méditer.

Mais les temps sont différents de nos jours. Si nous invitons quelqu’un à venir ici et à méditer, dire des prières, et enseigner ou étudier, il va demander : « Comment puis-je vivre ici ? Comment puis-je avoir à manger ? Comment me faire aider ? » De nos jours, cela est devenu une condition importante. C’est pour cela que nous devons faire de ce lieu un lieu qui fonctionne, qui vive. Nous avons besoin de fonds, d’aide. Pas seulement d’argent, mais les gens devraient venir ici et méditer ici, participer aux pratiques. Bien sûr, s’ils n’en ont pas les moyens, c’est compréhensible. Mais si c’est dans leurs moyens, ils devraient venir ici au moins une fois par an, pour une semaine, un mois, comme ils le peuvent, et faire des prières, de la méditation, des pratiques, des cérémonies. Ils peuvent aussi sponsoriser des cérémonies ou des pratiques, ou aider ceux qui veulent y pratiquer. Aussi si vous pouviez garder tout cela à l’esprit, ce serait merveilleux.

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