vendredi 18 février 2022

Tough students (memories with C. R. Lama-10) — Rudes élèves (Souvenirs d'avec C. R. Lama -10)







In the Rigpa Wiki, concerning C. R. Lama, one can read: "Since his retirement (from university) in 1987, Rinpoche regularly visited Europe, where he guided a small but devoted group of pupils." That's it. As I said in the last post, the connexion between C. R. Lama and his students was obvious and powerful and that is waht gave this devoted relationship. If there was not a huge quantity, there was the quality.

Many among his students were strong tempered, particularily the oldest ones. I remember that when he gave the Drolö initiation for the first time in Europe, Rinpoche invited Nathalie and I to come to London in order to receive it and we did not hesitate. The initiation took place in a small house. Just a few old disciples were there, James Low, Martin Boord, David Tibet, a studio musician who made C. R. Lama record an album of dharma songs. Nat and I were beginners at that time and we looked like two kids in a group of warriors from another era. After the initiation, we all went to have dinner in an oriental restaurant and this was an excellent time, a kind of family meeting with our old father.

Rinpoche appreciated these moments of friendliness. He never had his meals alone, apart from the group, but he always was in the middle of his people. During the retreats, after dinner, he invited a few of us to chat. He always had "his pillow below" some vermouth bottles that he offered us, as to warm the atmosphere, even if it was not really necessary. 

That said, all was not very comfortable in C. R. Lama's circle. Without any intent from him, our emotions were boosted as soon as we approached him. The situations made your most hidden emotions come out, your most infect tendancies were brought to light. Even if in Europe, the mandala was less volcanic than in Shantiniketan, the seismic tremors could be quite brutal. Like in all sanghas, jealousy was patent, anger too, with on top of that a dose of crazyness due to this collection of strong characters. I remember of a retreat in Ruffieu where one evening, at sunset, after the last puja was finished, in a field down the place,  I saw two guys frome the sangha fighting ,one with a cavalery sword and the other with a flaming torch, for a reason they never could really explain. Organizing the retreat, I had to deal with all intendancy and on top of that with the mood of eveyone there, including jeanousy of some who imagined I was manipulatiing and keeping Rinpoche for me, as if this was possible. But how could you manipulate a tiger..?

It is during this same retreat that one evening, I saw a strange man coming in a big black car. Very well dressed, some details were quite intriguing; for exemple, the knife he was hiding in one of his boots, or the machine pistol in the back of his car. This guy was a contract killer working for different secret service. He met C. R. Lama at a public talk and was immediately subjugated. He promissed Rinpoche to stop his non vertuous job, he received teachings and instructions and became one of his most devoted and respectful student.

Around C. R. Lama, social distinctions, professionnels issues, all was forgotten and it was easy to understant the egality of human beings, with the same delusion whatever their social status, their wealth, their origins, their defects, their past mistakes. C. R. Lama could see the potential of everyone and knew that our negative tendancies can be transformed. 
But of course, the transformation was not instant. I remember one of his students who told me about smoking: "I was smoking from a very young age and although I already thought and tried a few times to stop, it's only when I met Rinpoche that I really felt the necessity for that. But even then, it was too difficult. So I talked to him and he said he would help me, that I would definitely stop. But soon after he passed away. And some months after, one morning, I thought of him, I dropped my cigarettes and I never smoked one since. Finished!"

Concerning redemption, some tibetan people say that when C. R. Lama went back to Tibet in 1985, there was a difference of opinions between him and another high lama of the area, Khenpo Jigmed Phuntsog, about a possible forgiveness for the tibetans who helped chinese army during the slaughter of the cultural revolution. Khenpo Jigphun was inflexible with them wereas C. R. Lama accepted their confession and gave them instructions so they can practice Dharma.

So yes, C.R. Lama's sangha is quite special, with a strong sense of clan and family. Its still noticealbe today and if you go and spend some time in summer in Darnkow centre, after a day of practice, enjoying the evening with brother ans sisters near a campfire , with strong guys, eating, drinking and laughing, and proud dakinis, often more fearsome than their male homologs, is something that I keep in my best memories.  




Dans le Rigpa Wiki, on peut lire au chapitre C. R. Lama: "Après avoir pris sa retraite (de l'université) en 1987, Rinpoche a visité régulièrement l'Europe où il a guidé un groupe restreint mais fervent d'élèves".  C'est bien de cela qu'il s'agit. Comme je l'ai dit au chapitre précédent sur les connexions, le lien qui unissait C. R. Lama et ses élèves était patent et puissant, et c'est ce qui donnait cette ferveur à la relation. S'il n'y en avait pas une grosse quantité, il y avait la qualité.

Beaucoup de ses élèves étaient des gens de caractère, en particulier les plus anciens. Je me souviens que lorsqu'il donna pour la première fois en Europe l'initiation de Dorje Drolö, Rinpoche nous invita à venir à Londres, avec Nathalie, et nous ne nous fîmes pas prier. L'initiation eut lieu dans le séjour d'une petite maison de banlieue. Etaient là juste quelques vieux baroudeurs de la première heure comme James Low, Martin Boord, David Tibet, un musicien tatoué de la tête aux pieds qui avait fait enregistrer un disque 33 tours de chants dharmiques à C. R. Lama etc. Débutants dans le Dharma, avec Nathalie, nous avions l'air des deux enfants au milieu d'une bande de baroudeurs d'un autre temps. Après l'initiation, toute cette petite assemblée alla festoyer dans un restaurant oriental et ce fut un excellent moment, l'impression de retrouvailles en famille autour de notre vieux père.

Rinpoche appréciait beaucoup ces moments de convivialité. Il ne prenait jamais ses repas seul, à l'écart, mais était toujours au milieu de "ses gens." Lors des retraites, après diner, il invitait quelques uns d'entre nous pour discuter. Il avait toujours sous son lit des bouteilles de vermouth et il nous en servait généreusement afin de détendre l'atmosphère, même si c'était rarement nécessaire. 

Cela étant, tout n'était pas toujours confortable dans l'entourage de C. R. Lama. Sans que rien ne soit prémédité de sa part, les émotions étaient décuplées dès qu'on l'approchait. Les situations faisaient ressortir vos émotions les plus dissimulées, vos penchants les plus sordides apparaissaient au grand jour. Même si en Europe, le mandala était moins volcanique qu'à Shantiniketan, les secousses sismique pouvaient être violentes. La jalousie, comme dans toutes les sanghas, apparaissait au grand jour. La colère était également au rendez-vous, avec en prime une dose de folie inhérente à cet amalgame hétéroclite de fortes personnalités. Je me souviens d'une retraite à Ruffieu où un soir, après la dernière puja de la journée, alors que le soleil venait de se coucher, je vis dans un champ en contrebas deux énergumènes de la sangha se bagarrer à coup de sabre de cavalerie et de torche enflammée, pour une raison que ni l'un ni l'autre ne purent jamais expliquer. Organisateur de la retraite, je devais non seulement gérer l'intendance mais également ces humeurs des participants, avec en prime la jalousie de certains qui imaginaient que j'accaparais Rinpoche, comme si on pouvait le manipuler... Peut-on manipuler un tigre..? 

C'est au cours de la même retraite qu'un soir, je vis arriver un type un peu bizarre, dans une grosse berline allemande, noire. Impeccable dans son costume sombre, certains détails m'intriguaient; par exemple, le poignard qu'il avait glissé dans ses bottines, ou le pistolet mitrailleur dans le coffre de sa voiture. En fait, ce personnage était un tueur à gage travaillant pour différents services secrets qui avait rencontré Rinpoche lors d'une conférence et avait été subjugué par sa présence. Il promit à Rinpoche d'arrêter son activité peu recommandable, reçut instructions et enseignements et devint l'un de ses plus fervents élèves. 

Autour de lui, on oubliait les classes sociales, les soucis professionnels, et il était facile de comprendre l'égalité des êtres humains, égarés de la même manière quel que soit leur statut social, leur richesse, leurs aptitudes intellectuelles ou leur pouvoir. Peu importaient votre passé, vos origines, vos défauts, vos erreurs passées, C. R. Lama savait voir le potentiel de chacun et savait que nos tendances négatives pouvaient être transformées. 
Mais bien sûr, la transformation n'était pas forcément immédiate. Un se ses disciples me racontait un jour comment Rinpoche l'aida à arrêter de fumer. "Je fumais depuis très jeune et bien que j'aie parfois pensé à arrêter, ce n'est qu'auprès de Rinpoche que j'en ai vraiment  éprouvé la nécessité. Mais même alors, c'était trop difficile. Alors je suis allé le voir et il m'a dit de ne pas m'inquiéter et qu'il allait m'aider, que j'allais arrêter. Mais peu après,il est mort. Et quelques mois après, un matin, j'ai pensé à lui, j'ai jeté mon paquet de cigarettes, et je n'en ai plus jamais fumé, terminé!"

A propos de rédemption, on raconte d'ailleurs que lorsque Rinpoche retourna pour la première fois dans le Kham en 1985, un différend l'opposa à un autre grand lama de la région, Khenpo Jigmed Phuntsog, à propos d'un possible pardon pour les tibétains qui avaient collaboré avec les chinois lors des massacres de la révolution culturelle. Khenpo Jigphun était intransigeant à leur égard alors que C. R. Lama acceptait leur confession et leur donnait à nouveau des  instructions pour qu'ils pratiquent le Dharma.

Ainsi donc, la sangha de C. R. Lama est-elle assez particulière, avec un caractère clanique et familial marqué. Par exemple, passer l'été au monastère de Darnkow en Pologne, c'est retrouver une bande de frères et soeurs et après une journée de pratique, la soirée autour d'un feu de camp, en compagnie de solides gaillards, rockers, buveurs, ripailleurs et de dames de caractère, des pèma dakinis souvent plus redoutables que leurs homologues masculins, font partie de mes plus excellents souvenirs. 

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