vendredi 26 décembre 2014

Méditation sur la nature des émotions (1ère partie)

Ces instructions sont tirées de l'ouvrage "Le vol du garouda" de Shabkar, dont une version française est disponible aux Editions Almora. Ce texte est composé de chants d'instructions sur la méditation Dzogchen. Ce treizième chant constitue à la fois le préliminaire et l'introduction à la méditation directe sur la nature de l'esprit. L'idée est la même que dans les instructions de Lopon Tenzin Namdak du post du 17 décembre. Regarder au coeur de la pensée/émotion par un retour sur soi, ce qui révèle la vacuité du sujet et de l'objet (ici l'émotion) dans laquelle il suffit alors de se détendre sans le moindre mouvement.

Merveille !

Maintenant écoutez encore une fois ce vagabond chantant ! A un moment ou à un autre, tous autant que vous êtes, vous avez été blessé par quelqu'un d'autre. Rappelez-vous consciencieusement et en détail comment les autres vous ont faussement accusé et rendu victime, vous humiliant et vous roulant dans la fange, et comme vous avez été honteux et profondément mortifié. Ruminez ces choses, laissant naître la haine, et lorsque celle-ci arrive, regardez directement son essence, la haine elle-même. Puis recherchez d'abord d'où vient la haine, dans un second temps où elle se trouve présentement et finalement où elle s'en va. Recherchez avec attention quelles sont sa couleur, sa forme et toutes les autres caractéristiques.

(Parvenez à) la certitude que votre colère est ultimement vide et insaisissable. Ne rejetez pas la colère ! C'est la sagesse semblable-au-miroir elle-même.



Puis vous, les amoureux pensez au bel homme ou à la belle femme de votre cœur. Vous les gourmands, pensez à la nourriture qui vous fait envie – viande, gâteaux, fruits. Vous les paons paradant, souvenez-vous et gardez à l'esprit les habits que vous aimez porter. Vous commerçants avares, pensez au genre de biens que vous convoitez – chevaux, bijoux, argent. En pensant attentivement à ces choses, laissez le désir apparaître et lorsqu'il est apparu, regardez directement son essence, le moi avide et lubrique. Puis cherchez d'abord d'où il provient, puis où il se trouve présentement et finalement où il s'en va. Recherchez attentivement sa couleur, sa forme et toute autre caractéristique possible.

(Parvenez à) la certitude que votre désir est ultimement vide et insaisissable. Ne le rejetez pas ! C'est la sagesse discriminante.



Lorsque vous êtes fatigué, déprimé, et abruti, acceptez votre paresse et lorsqu'elle apparaît, regardez directement son essence. Qui est paresseux ? D'abord d'où cela vient-il ? Puis où est-ce présentement ? Enfin où cela s'en va-t-il ?

(Parvenez à) la certitude que votre inertie est ultimement vide et insaisissable. Ne rejetez pas votre stupidité ! C'est la sagesse de l'espace de la réalité absolue (dharmadhatu), le continuum du réel.



Puis pensez à votre rang, votre statut social, votre race et votre pouvoir, vos richesses. Considérez le fait que vous êtes élégant et beau, comme votre voix est agréable et puissante. Remémorez-vous à quel point vous êtes vertueux et vous réussissez dans les études, la contemplation et la méditation, la lecture et l'écriture, l'apprentissage des sciences et des arts, dans les activités des rituels, pour convertir et contrôler les autres etc. Après avoir contemplé vos talents et votre vertu, pensez que vous êtes un peu supérieur aux autres et permettez à l'orgueil d'apparaître. Lorsqu'il apparaît, regardez directement son essence, l'orgueil même. Recherchez d'abord d'où il vient, puis où il demeure à présent et enfin où il s'en va. Regardez attentivement quelles sont sa forme, sa couleur et ses autres caractéristiques.

(Parvenez à) la certitude que votre orgueil est ultimement vide et insaisissable. Ne rejetez pas l'orgueil ! C'est la sagesse de l'égalité.




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