jeudi 13 mai 2010

TOULKOU TSULTRIM ZANGPO (TOULKOU TSURLO) 1884-1957

La lignée de Khordong est issue de Khordong Nuden Dordjé, grand découvreur de trésors (terma) ayant vécu au dix-huitième siècle, et qui a été évoqué dans un de nos premiers articles. Comme l’écrit Tchimé Rigdzin Rinpotché dans l’introduction de la Grande Rigdzin, la lignée de Khordong est courte : « De Nuden Dordjé à ce jour, cette lignée ne comporte que cinq membres. Les quatre premiers des cinq détenteurs de cette lignée obtinrent de grands résultats et récitèrent de nombreux mantras de Padmasambhava... »

Ces quatre détenteurs de la lignée furent Tamdrin Wangmo, épouse de Lhachen, roi d’Akyong, Gyalsè Pèma Donsal, le fils de Nuden Dordjé, Gonpo Wangyal, neveu de Nuden Dordjé, et Toulkou Tsultrim Zangpo, aussi nommé Toulkou Tsurlo. Ce dernier fut le principal maître de Tchimé Rigdzin Rinpotché et c’est de lui que notre maître reçut les transmissions du Tersar (nouveau* trésor) de Khordong.

On sait peu de choses de Toulkou Tsurlo. Comme l’écrit Toulkou Thondup Rinpotché dans l’introduction du commentaire du Gongpa Zangthal, il naquit en 1884 dans l’est du Tibet. Son père était Gonpo Wangyal et sa mère Zhiwa Tso, la fille de Nuden Dordjé. Il était donc le petit fils de Nuden Dordjé. Il fut reconnu comme l’incarnation de Toulkou Ourgyen Puntsog du monastère de Bahnè, dans le Kham. Parmi ses principaux maîtres figurent le Troisième Dodrupchen Rinpotché (Djigmé Tenpai Nyima, 1865-1926), Khenpo Tchampa Euzer, Gonpo Wangyal, et Terton Lerab Lingpa (Terton Sogyal). Toulkou Thondup rapporte les dires de Khenpo Tchampa, décrivant la grandeur de son élève à Kyala Khenpo, lui aussi du monastère de Dodrupchen : « Un lion m’est né, moi qui ne suis qu’un chien. »

Toulkou Tsurlo eut comme résidence principale le monastère de Shukchung, dans la vallée de Do. Il passa aussi du temps au monastère de Khordong mais sa résidence préférée était l’ermitage de Kunkhe (Kun Khe Ri Threu), lieu solitaire de la région de Trehor, dans le Kham, où il vécut simplement durant des années, enseignant à de nombreux maîtres et disciples.

Toulkou Tsultrim Zangpo était un moine qui gardait tous les préceptes du vinaya. A la fois grand pratiquant et érudit, il ecrivit de nombreux commentaires, dont les plus connus sont le commentaire de La Vision Infinie du Dzogchen (Gongpa Zangthal), partie la plus profonde du Trésor du Nord, et le commentaire de L’Aspiration de Samantabhadra, provenant également du Terma du Nord. Secrétaire du troisième Dodrupchen Rinpotché, il eut le rare privilège** de  bénéficier de ses lumières pour éclaircir les points difficiles de la doctrine. Proche disciple et détenteur de la lignée de Terton Sogyal, il écrivit la biographie de ce dernier en 1942. Il écrivit de nombreux autres commentaires, entre autres sur La Guirlande des Vues de Padmasambhava. Il fut le maître de nombreux Lamas du Tibet oriental, dont Tchimé Rigdzin Rinpotché mais également Toulkou Gyenlo et Zhichen Ontrul.

Ceux qui l’approchèrent ont rapporté qu’en méditation, il ressemblait à une statue, totalement immobile, dans une posture parfaite,  et doté d’une impressionnante barbe blanche.

Dans la biographie de Zhichen Ontrul rinpotché, il est longuement fait mention de Toulkou Tsulthrim Zangpo,  nommé Shugchung Tsullo. On y apprend surtout des détails sur sa mort. Un jour, sa nièce eut une querelle avec des moines qui étaient des domestiques, et il fut informé du problème. Il pensa: "Voilà trente ans que je dispense des enseignements et ceux-ci n'ont pas porté leurs fruits, puisque même mes proches ne sont pas capables de vivre entre eux de façon harmonieuse. S'il en est ainsi, pourquoi continuer à vivre?" Le soir même, il 'attrapa la grippe' et décéda le lendemain. Il demeura en posture de méditation six semaines après sa mort et la merveilleuse odeur qui se répandait de son corps pouvait être humée à un kilomètre à la ronde.

Toulkou Tsultrim Zangpo est revenu en deux incarnations, bien vivantes à ce jour, en charge du monastère de Shukchung, dans le Tibet oriental.


* On parle de nouveau trésor pour tous les termas de Nuden Dordjé et des découvreurs de trésors qui suivirent jusqu’à Tchimé Rigdzin, par rapport au Tchangter, Terma du Nord, qui était beaucoup plus ancien et qui était également pratiqué au monastère de Khordong.

** Le troisième Dodrupchen Rinpotché passa la plupart de sa vie reclus dans un ermitage, refusant toute visite.

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